- Jul 24, 2025
Quand la tristesse remplace la colère
- Awa De Broca
- Psychotraumatismes
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RECIT DE VIE
Depuis quelques temps, je suis remplie de tristesse. Et seulement de la tristesse. C'est assez nouveau pour moi. Moi, qui habituellement, ai toujours de l'énergie, de la joie, un mot pour rire. Et quoiqu'il arrive, toujours de l'optimisme.
Mais là, ça n'existe plus, ça a disparu. L'optimisme et la joie ont disparu.
Je vois et je vis le monde autrement.
Je vois le monde tel qu'il est.
Et c'est violent.
Je ne pensais pas un jour VOIR. Et réaliser que le monde est ainsi...
On pourrait me prendre pour une naïve ou une enfant immature. Mais il n'en n'ai rien. Je suis simplement et purement sortie de mon état dissociatif. Et petit à petit, ma mémoire traumatique se désensibilise. Et avec elle, mes mécanismes de défense s'affaiblissent.
Oui, voir le monde plus beau qu'il ne l'est ; penser que les humains sont des êtres bons et que tout à chacun est en capacité de se remettre en question, pour se sentir bien en soi et avec les autres... Tout cela n'était pour moi que des mécanismes adaptatifs sur lesquels je n'avais aucune prise. Ces comportements étaient induits par les chocs traumatiques répétitifs que j'ai subi. Ils m'ont permis de continuer à vivre (survivre ?) malgré la dure réalité de ma vie.
Est-ce j'ai eu le choix d'être naïve ? Non.
Ai-je choisis de ne pas voir les inégalités et les violences dans le monde ? Non.
Est-ce qu'à présent, comme je sais qui ils sont et qu'els étaient leurs buts, je peux les stopper ? Non, non et non.
C'est ça la mémoire traumatique. C'est ça l'Etat de Stress Post-Traumatique Chronique (ESPT-C). Je n'y peux rien. C'est là. Mon cerveau a disjoncté. Je dois maintenant réaliser les choses telles quelles sont. Reconstruire le puzzle de la mémoire et l'archiver.
Avant, la colère, l'envie de changer, le besoin d'évolution et de mouvement étaient mes habitudes. Sans doute que grâce à elle, la colère, grâce à cette envie constante de changement, j'ai pu traverser les années, grandir, vieillir et mûrir... Jusqu'à être prête, ou plutôt, jusqu'à ce que mon cerveau soit prêt à accueillir les faits (violents) du passé.
Et un jour, les souvenirs de maltraitances refont surface. Un à un, bout à bout, l'histoire se reconstitue. Cette histoire, c'est mon histoire. J'avais occulté de grands pans. A présent, ils sont de retour. Je comprends pourquoi j'ai tant manqué de confiance en moi, pourquoi j'ai laissé mes amis se moquer de moi, je comprends ma difficulté permanente à me sentir à ma place... Ainsi de suite. Tout ce que je pensais être ma personnalité, ma nature, n'est qu'en fait la conséquence des maltraitances oubliées pendant 30 ans.
Aussi clair que l'eau pure, je réalise qu'il n'y a pas de "karma", de "message" de l'univers à comprendre. La maltraitance de ma mère, de ma famille, dans mon enfance, a fait le lit du harcèlement scolaire puis des violences conjugales.